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Boom des énergies renouvelables La meilleure solution pour améliorer l'accès à l'électricité à Madagascar - Madagascar Matin, 04 août 2015

Lire l'article en ligne sur le site Web de Madagascar Matin: http://www.matin.mg/?p=10151

Boom des énergies renouvelables – La meilleure solution pour améliorer l’accès à l’électricité à Madagascar

La révolution des énergies propres bat son plein dans le monde entier. D’après le nouveau rapport du Réseau des politiques en énergie renouvelable pour le 21ème siècle (Ren21), plus d’un cinquième de l’électricité mondiale est aujourd’hui fourni par des sources d’énergie propre en 2014. Avec un grand potentiel à exploiter en matière d’énergie renouvelable et étant classé dernier au monde sur 189 pays en électrification rurale, il est plus que temps pour Madagascar de mettre en place et en œuvre une politique claire sur les énergies renouvelables.

« Si vous regardez en arrière, il y a 10 ans les énergies renouvelables procuraient seulement 3% de l’énergie mondiale, et aujourd’hui elles fournissent environ 22%. Cela a juste été explosif. Il y a 10 ans aussi, seuls 50 pays avaient une politique en matière d’énergie renouvelable. Aujourd’hui, ce chiffre est monté à 145 ». C’est en ces termes que Sarah Azau, responsable de la communication de l’Association européenne de l’énergie éolienne pour la dernière décennie résume la croissance des énergies renouvelables qui a atteint des niveaux de record en 2014, en contribuant à la création de 7,7 millions emplois à l’échelle mondiale et en générant plus de 270 milliards de dollars d’investissement de différents pays.

Le soleil, puissance technologique par défaut en 2025

Ayant connu une croissance de 8,5% l’année dernière, les énergies renouvelables sont en bonne voie de devenir la première source d’électricité dans le monde dans quinze ans. Les analyses récentes de l’important potentiel solaire avancent que celui-ci pourrait devenir la puissance technologique par défaut dans la prochaine décennie. Selon le Ren21, 164 pays disposent aujourd’hui d’objectifs en énergie renouvelable. Pour 145 d’entre eux, dont Madagascar, ces objectifs sont accompagnés de politiques détaillées à l’échelle nationale ou locale.

Ce boom des énergies renouvelables est autant généré par les actions menées par les pays développés que les pays en voie de développement. Ainsi, 131 milliards de dollars, soit près de la moitié des investissements en énergies renouvelables en 2014, provenaient des pays en voie de développement, entre autres le Burundi, le Kenya, le Honduras, la Jordanie et l’Uruguay.

« Nous vivons maintenant l’aurore des énergies renouvelables. C’est le moment pour chaque pays en voie de développement de commencer à en tirer profit », souligne Santiago Ortega, professeur en énergie renouvelable à l’Antoquia Engineering School en Colombie. Le Secrétaire du Ren21, Christine Lins rappelle aussi que « les leaders mondiaux se sont engagés à doubler la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial d’ici 2030 ».

L’énergie solaire pour hausser l’accès des ruraux à l’électricité

D’après le livre Énergies durables pour tous les ménages, les collectivités et les entreprises écrit par Amédée Mamy Tiana Randrianarisoa et publié par Friedrich Ebert Stiftung (Fes) en 2013, Madagascar dispose d’un important potentiel dans tous les types d’énergie renouvelable.

En énergie solaire, l’énergie incidente est de l’ordre de 2 000 kWh/m²/an. « Presque toutes les régions du pays ont plus de 2 800 heures d’ensoleillement annuel. Les régions les plus intéressantes disposant d’un niveau de rayonnement supérieur à 5 500 W/m² sont Diana, Sava, Sofia, Boeny, Melaky, Menabe, Haute Matsiatra, Amoron’i Mania, Anosy, Androy, Atsimo Andrefana, Vakinankaratra, Bongolava, Atsimo Atsinanana », précise le livre.

Le projet récent de l’État malgache de créer un site de deux centrales solaires de 10 mégawatts à Mahajanga (région Boeny) en partenariat avec Symbion Power devrait être étendu dans les régions citées ci-dessus afin de vulgariser l’accès à l’électricité à moindre coût pour la population malgache, essentiellement rurale. D’après le rapport Doing Business 2015 de la Banque Mondiale, les ruraux représentent 67% de la population malgache. Le taux d’accès de la population à l’électricité est de 15%, avec un taux moyen de 6% dans le milieu rural, ce qui a placé Madagascar au dernier rang sur 189 pays dans le classement mondial sur l’électrification rurale.

Etant donné que ce sont les ménages qui consomment deux tiers de l’électricité distribuée par la société d’Etat d’électricité et d’eau (Jirama), plus grand fournisseur d’électricité à Madagascar, il est quasiment certain que ce sont également les ménages qui représenteront la grande partie de l’électricité qui manque encore dans la majorité des localités rurales de l’île. Dans ce sens, le projet « Barefoot College » initié par le World Wide Fund for Nature (Wwf) devrait être vulgarisé dans tout le pays afin que les communautés enclavées puissent s’organiser d’une manière autonome pour avoir accès à l’électricité et gérer leur consommation.

Pour rappel, le projet « Barefoot College » consiste à former des femmes seniors originaires de villages enclavés sans électricité aux techniques du système solaire au sein d’une école indienne baptisée Barefoot College, qui veut dire littéralement « l’école des pieds nus ». En 2013, sept femmes malgaches originaires des communautés Iavomanitra (région Amoron’i Mania) et Tsaratanana (région Atsimo Andrefana) ont suivi un semestre de formation en Inde en matière de technologie photovoltaïque avec une trentaine de femmes originaires d’autres pays dans le monde dans le cadre du projet, alors qu’elles ne parlaient ni le français ni l’anglais. La formation se faisait par mimes, par l’usage des codes couleurs. De retour dans leurs villages respectifs, elles ont travaillé pour l’installation de système solaire individuel des foyers, avec le financement du Wwf et de ses partenaires.

En vue de réduire l’utilisation du charbon de bois pour la cuisson, l’usage des cuiseurs solaires et des fours solaires, devrait être également vulgarisé. L’Association pour le Développement de l’Énergie Solaire (Ades) qui travaille à sensibiliser la population à l’utilisation des fours solaires dans ses centres à Toliara, Ejeda (région Atsimo Andrefana) et Morondava (région Menabe) depuis 2005 et qui a déjà vendu plus de 1500 fours souligne sur son site Web que : « une famille malgache brûle environ 150 kilos de charbon par mois, pour lesquels elle doit dépenser jusqu’à un quart du revenu mensuel ; 100 fours solaires économisent 250 tonnes de CO2 et protègent la surface de 300 km2 de forêt au sud de Madagascar ».

Une politique détaillée sur les énergies renouvelables à établir

À part l’énergie solaire, Madagascar possède également un potentiel hydraulique estimé à 7 800 MW et un potentiel de 2 000 MW d’énergie éolienne. En fonction des caractéristiques des régions, des localités enclavées de la Grande Ile, l’accès à l’électricité à moindre coût devrait être possible pour les populations en utilisant une source d’énergie renouvelable ou en les combinant.

Outre l’accès à moindre coût de la population à l’électricité, la réduction de l’usage du charbon de bois et du bois de chauffe comme moyen de cuisson et la substitution aux énergies fossiles pour la production d’essence et autres carburants, la vulgarisation des énergies renouvelables contribuera pour Madagascar à la réduction de la pollution qui engendrera une amélioration de la santé de la population, ainsi qu’à la création de milliers d’emplois et à un développement économique et social durable.

Subséquemment, il est urgent que l’Etat malgache mette en place une politique détaillée sur les énergies renouvelables et mette en œuvre les réformes juridiques et institutionnelles y afférentes. Cette politique devrait accompagner un Plan d’action national sur le changement climatique précis. La présentation officielle des deux documents et le lancement officiel de leurs réalisations devraient avoir lieu au cours de la Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de 2015 (Cop21) à Paris. Et pour cause, les négociateurs, acteurs et bailleurs « verts » seront tous présents à cet événement planétaire d’une importance cruciale. Les financements en faveur des pays en voie de développement s’engageant fermement dans le développement des énergies renouvelables seront certainement priorisés.

Ra Dom

Scan de l'article paru dans le quotidien "Madagascar Matin" le 04 août 2015
Scan de l'article paru dans le quotidien "Madagascar Matin" le 04 août 2015

Scan de l'article paru dans le quotidien "Madagascar Matin" le 04 août 2015

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À propos
Domoina Ratovozanany

Experte en communication, en changement social et comportemental, en management. Engagement social : Présidente fondatrice de l'association Charma (Charité pour Madagascar). Climate Tracker COP 21 Fellow du réseau Global Call for Climate Action (GCCA). Premier Prix du Reportage sur la Biodiversité 2006 à Madagascar. Loisirs : écriture de poèmes, cinéma, tourisme, fitness.
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